Radar est un palindrome

ça marche dans les deux sens

La contre-proposition offerte par le Président Russe au sommet du Technoraticonforte cet article publié précédemment.
Si l'on parle des missiles, on tente en effet de ne faire modifier que le radar, en suggérant de lui substituer un radar d'alerte, ce qui n'a aucun intérêt dans un cadre de lutte anti-missile.
Les Russes entendent faire savoir qu'ils ne sont pas dupes: le radar Américain en projet d'installation en Tchéquie possède plusieurs qualités particulières, notamment:

  • Il est extrêmement évolutif: entre aujourd'hui et le moment où on l'installera, il aura subi des mises à jour considérables, qui ne cesseront pas une fois inauguré. Ces améliorations invisibles de l'extérieur permettront notamment un élargissement croissant de son usage et une étendue ininterrompue de sa portée.
  • Sa nature de guidage et surveillance permettrait à tout le système anti-missile basé sur le territoire US de n'être consacré qu'à l'interception
  • Il offrirait un palier intermédiaire de rétaliation unilatéral, puisque les Russes pourraient nucléariser cette partie d' Technorati sans pour autant s'en prendre à l'Amérique. Contrairement à la graduation classique militaire, l'avantage en guerre nucléaire dissuasive devrait, en cas d'inégalité, aller à celui qui n'a pas de palier.
Ils démontrent aussi leur conscience de ce à quoi ce radar ne servirait pas: protéger l' Technorati (et accessoirement Technorati) d'une attaque nucléaire Iranienne. Un tir balistique de Téhéran vers les Technorati passerait nécessairement au-dessus de la Technorati, à moins de devoir musarder.

Ce qui laisse ouverte une autre perspective d'emploi: l'emploi occasionnel du radar par une tierce puissance (on devine laquelle) pour le guidage de missiles vers différentes cibles, dont l' Technorati certes, mais pas seulement. Au moins un autre pays Musulman d'importance serait ciblé, le Technorati.Voire les autres pays ayant manifesté leur intention de se nucléariser, tels l' Technorati, l'Egypte..

Sans oublier une flotte sous-marine Chinoise en pleine accélération, chargée d'empêcher l'arrivée de porte-avions en cas de conflit sino-Américain.

 



Commentaires

Je me souviens de mes cauchemards d'enfant, lors de la guerre froide, générés par la peur de l'escalade entre les deux blocs à coup de dissuasion nucléaire dont le sol européen était la cible. Puis les ogives ont été démantelées, le mur de Berlin aussi. On a parlé de conflits "régionaux" quand la guerre a touché les pays de l'ex-Yougoslavie, comme une ultime issue de son démantèlement.
Ensuite nous avons appris à vivre avec d'autres peurs, celle du terrorisme, et ses images quotidiennes d'attentats. Même si l'Europe a pu être touchée ponctuellement, les terrains de ces nouvelles guerre se déroulent sur d'autres continents.
Cette histoire de radar a quelque chose de totalement déstabilisant, car elle évoque à nouveau une possible destruction armée massive et nucléaire sur le sol européen. Je ne sais si le risque est oui ou non plus important pour nous que le risque terroriste, mais sans doute à cause du fantôme de la guerre froide, il suscite en tout cas l'effroi, comme savent le faire les peurs immodérées lorqu'elles renvoient à de plus anciennes, bien marquées dans l'inconscient collectif de toute une génération.

 


IC | Le Mardi 12/06/2007 à 23:27 | [^] | Répondre

une double évolution

Les responsables Russes et notamment Poutine n'ont rien oublié de cette période que vous évoquez, tandis que G.W.Bush et son Vice-Président, dont l'incompétence stratégique est de plus en plus évidente et dangereuse, n'ont pas vu qu'ils ouvraient la boîte de Pandore.
Alors que les traités de réduction du nombre de missiles entre les deux puissances sont devenus inopérants, la provocation Américaine d'installer des missiles et une station radar très puissante si près de la frontière Russe est tellement similaire à la crise des missiles à Cuba, qu'il était impossible au Président Russe, excellent polémologue et hypersensible -comme tout ancien espion- à ce que cache une telle avancée d'un pion, de rester impassible.
Juste au moment où Poutine doit préparer sa (fausse) sortie en fin de mandat, il lui est indispensable de montrer au peuple Russe qu'il a le souci de la sécurité.
C'est une mauvaise affaire car le danger nucléaire n'est plus-ne devrait plus- nous renvoyer, comme vous le dîtes, à cette période de guerre froide et qu'il conviendrait de s'occuper des vraies menaces.
Nous sommes maintenant dans une ère de banalisation nucléaire, avec environ une dizaine de puissances dotées, dont près de la moitié sont relativement instables, stratégiquement  (et politiquement) parlant.
Tous les efforts devraient aller dans la direction de l'apaisement, et non pas dans cette lubie de guerre des étoiles.
Tout ceci parce que l'actuel Président Américain souhaiterait laisser croire, avant de partir, qu'il est un Reagan bis.
De leur côté les Européens, au moment où ils s'élargissent, ne devraient absolument tolérer l'installation de telles armes étrangères sur le territoire de l'Union: celà fait de l'UE une cible et donc, un otage.
Il faut malheureusement s'attendre à des complications nombreuses de la part des autorités polonaises et tchèques.

 


un autre | Le Mercredi 13/06/2007 à 00:12 | [^] | Répondre

Re: une double évolution

d'après une connaissance très superficielle du sujet, et si on simplifie ... :
- au moins trois attitudes européennes : celle consistant à accepter la présence d'éléments US en Europe au nom d'une plus grande sécurité, ou bien le refus catégorique de celle-ci, ou encore l'acceptation implicite de celle-ci tout en profitant de la compensation passant par une renucléarisation.
- au moins une raison US : la multiplication des points de détection et d'action dans le monde pour une plus grande efficacité et un rôle de gendarme accru.

mais quelles autres motivations et quelle évaluation US des dangers d'une renucléarisation ?

 


? | Le Jeudi 14/06/2007 à 14:14 | [^] | Répondre

Re: une double évolution

Il existe une quatrième solution, et c'est sans doute celle à laquelle voudraient parvenir les principaux diplomates européens, russes et même certains Américains qui voient au-delà de Bush: faire de ce radar -qu'on installerait quand même-une maison vide afin de sauver la face de tous et de désamorcer un pétard inutile.
Pourriez-vous préciser votre dernière question?

 


un autre | Le Jeudi 14/06/2007 à 14:41 | [^] | Répondre

Re: une double évolution

il me semble qu'en matière de dissuasion  nucléaire, il y a deux niveaux : celui des installations, et celui du discours. relativement indépendants, mais potentiellement aussi efficaces.

- quelle serait l'évaluation US des risques (dans l'absolu, ainsi que relativement aux avantages visés) liés à une renucléarisation européenne (et à une réactivation d'un discours éventuellement analogue à celui de la guerre froide) ?

- dans l'hypothèse de la 4ème solution, même une maison vide suffirait discours et climat néfastes.

- en question subsidiaire, quelle peut être la confiance qu'ont les dirigeants US en leur propre capacité à penser des stratégies et à évaluer les risques ? y a-t-il une stratégie réelle derrière tout cela, ou bien seulement un intérêt immédiat au niveau du discours seul ?

 


? | Le Jeudi 14/06/2007 à 15:20 | [^] | Répondre

Re: une double évolution

- dans l'hypothèse de la 4ème solution, même une maison vide suffirait à enclencher discours et climat néfastes.

 


? | Le Jeudi 14/06/2007 à 15:21 | [^] | Répondre

La maison vide

Vous avez raison, mais le cas de la maison vide est multiple.
Dans l'hypothèse où les grandes puissances veulent impressionner des nouveaux entrants nucléaires, on peut tout-à-fait concevoir qu'une fois les négociations entamées et qui se poursuivront à Kennebunkport, Américains et Russes (et accessoirement Anglais et Français) conviennent de se quereller pour la galerie.

Ni l'Iran ni d'autres (les Chinois? Les Pakistanais et les Indiens?) ne sauraient jamais si au bout du compte, les Américains auront fini par installer un système qui leur serait dédié
.
Si par contre Washington et Moscou n'arrivent pas à s'entendre, alors d'autres gesticulations se manifesteront très vite.
Par exemple un discours sur la miniaturisation nucléaire, sujet le plus à même de briser le tabou sur l'usage de l'atome militaire (tabou déjà violé par les Américains au Kosovo et en Irak, où l'uranium appauvri a été employé).

 


un autre | Le Jeudi 14/06/2007 à 16:22 | [^] | Répondre

Du discours et de la réalité

Le discours nucléaire est en soi un excellent sujet, qu'on ne peut résumer en quelques lignes.
Historiquement, la gesticulation militaire s'est toujours accompagnée d'une formulation destinée à agrandir l'espace stratégique.
Avec le nucléaire et en absence d'expérience-hormis bien sûr Hiroshima et Nagasaki dont l'Histoire retiendra qu'elles n'ont servi qu'à avertir le concurrent stalinien-, le discours prend une dimension à la fois primordiale et bien plus subtile.
Rodomontades, menaces, discours creux, dissimulations, rumeurs, etc. L'intoxication de l'adversaire et des alliés fait partie de l'arsenal nucléaire.

L'incertitude sur "la confiance des dirigeants en leur propre capacité à penser des stratégies et à évaluer les risque", comme vous l'écrivez, fait partie de cet arsenal.

Les installations...Là aussi, vous vous en doutez, il y a matière à exposés!
Qu'on dise seulement que les leurres sont nombreux: des maisons vides, il y en a déjà plusieurs, tout comme il existe des emplacements secrets.

 


un autre | Le Jeudi 14/06/2007 à 16:12 | [^] | Répondre

finalement,
- compte tenu des récents échecs militaires et stratégiques US, et de leur probable lucidité en une faible capacité à mettre sur pieds des plans réalistes et fiables;
- compte-tenu des dangers de dégradation du discours et des réactions face à la proposition US;
- compte-tenu du nombre de nouveaux entrants dans le club des puissances nucléaires;
- compte-tenu de l'efficacité décroissante des mécanismes connexes au TNP;
- la stratégie US ne repose-t-elle pas sur l'acceptation du caractère inévitable d'une renucléarisation au moins partielle de l'europe, et ne vise-t-elle pas à provoquer une renucléarisation maximale pour maximiser le prix du ticket d'entrée au club ?

 


? | Le Jeudi 14/06/2007 à 20:03 | [^] | Répondre

Re:

Ce serait alors une stratégie dramatiquement erronée: elle aurait pour effet de pousser les états déjà décidés à se doter de l'atome à accepter des solutions sinon vite-fait, du moins peu rigoureuses.

Pour reprendre votre expression, nous pourrions alors envisager la création d'un ticket d'entrée au rabais et encore plus "grand public": mauvaise qualité, mauvaise fiabilité, manque de contrôle, emploi intempestif...
C'est actuellement un scenario de travail, parmi les plus chauds.

 


un autre | Le Jeudi 14/06/2007 à 20:30 | [^] | Répondre

Re:

n'est-ce pas déjà le cas, avec la corée du nord, l'iran, et même la russie ? un arsenal nucléaire peu fiable, face aux dispositifs les plus couteux. (évidemment en ignorant les utilisations ponctuelles et terrorristes).

 


? | Le Jeudi 14/06/2007 à 20:42 | [^] | Répondre
 
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