La Mer en Rouge (1)
une guerre alternative
Mots-clés : Erythrée, Yemen , Afghanistan , Al Qaeda , USA , somalie
Ce qui devait arriver... arrivera.
Après les craintes annoncées à la suite d'une initiative malvenue de l'ex-président Bush, après les prévisions d'un déménagement obligé d'Al Qaeda, voici que les premières conséquences prennent corps.
Parce que les forces qui avaient pris le contrôle de Mogadiscio se réclamaient de l'Islam, Bush avait chassé un gouvernement somalien qui s'était pourtant révélé capable de chasser les clans armés et de rétablir l'ordre, mettant fin à des dizaines d'années d'anarchie meurtrière, à Mogadiscio d'abord, puis petit à petit dans le reste du pays.
Pour éliminer ce mouvement, l'aviation et les forces spéciales US avaient tiré comme d'habitude un peu à tort et à travers, puis le président Bush avait fait envahir la Somalie par l'armée ethiopienne, dans le but de "rétablir la paix et la démocratie".
Les forces armées ethiopiennes, à majorité chrétienne, réalisèrent vite que le pays n'était pas tenable et, rappelées par leur gouvernement pour cause de regain de tension avec l'Erythrée, quittèrent le territoire de leur voisin, laissant à nouveau la place aux diverses factions armées.
Les Somaliens tentèrent alors, grâce à l'aide de l'OUA et de l'Organisation des Etats Islamiques, de recréer un semblant de légitimité.
Un gouvernement islamiste modéré (celui qui, précisément, avait été chassé par les USA ) a essayé de rétablir le calme mais a vite été obligé d'engager le combat avec entre autres, deux grandes formations islamistes anciennement alliées, bien plus radicales, dont les redoutables et cruels Shabab qui veulent importer en Somalie un wahabisme étranger aux coutumes et traditions du pays.
Ces shabab sont aidés par les camps saoudiens qui soutiennent Al Qaeda (et vraisemblalement aussi par l'Iran , pour des raisons stratégiques) et du coup l'Amérique, par un étonnant (mais fréquent) retour des choses, vient en aide à ceux qu'il avait contribué à affaiblir, en l'occurence les forces loyalistes (qui ne sont plus désignées comme "islamistes" outre-Atlantique).
La tâche d'huile
Cette aide prend plusieurs formes: approvisionnement en armes achetées non plus en Corée du Nord comme la dernière fois, mais en partie en Ukraine, et en partie dans la joyeuse communauté des marchands d'armes; surveillance satellite et aérienne, soutien armé aérien, infiltration de près de 200 membres des forces spéciales, instructeurs auprès des troupes d'élite du gouvernement; mercenaires (le nouveau nom pudique est: "contractors" -contractuels en Français).
Ces luttes ont pour résultat premier de réimpliquer directement l'armée US dans la corne de l'Afrique et de risquer de refaire le coup de l'Afghanistan avec quelques nuances.
Elles ont aussi pour résultat, en voulant interdire à Al Qaeda de se mêler aux Shabab, de concentrer la base terroriste au Yemen, ainsi que nous le prédisions; initiative inutile, ainsi que nous l'expliquions, notamment pour des raisons de racisme.
il ne faut cependant pas négliger la crainte très forte de l'Amérique de voir l'organisation de Ben Laden prendre sol sur le continent Noir.
La tentation des alternatives
Cependant Washington ne peut risquer tout de go de mettre les pieds directement au Yemen. Il lui faut donc engager un proxy: ce sera l'Arabie Saoudite .
L'ennui, quand on fait une guerre par intermédiaires, c'est que l'adversaire en fait autant et trouve souvent un ou des alliés improbables, ce qui peut transformer l'avatar en premier personnage.
C'est là que l'on verra comment l'Iran , déstabilisé par ses ennuis intérieurs, trouve une occasion de régler plusieurs comptes avec une finesse inattendue.
Mais aussi en concentrant des facteurs d'explosion qui menacent non seulement Téhéran mais aussi (dans le désordre, liste non-exhaustive) l'Egypte, Israël , le Yémen, le Soudan , l'Erythrée, l'Ethiopie , l'Arabie Saoudite , les Emirats Arabes Unis ainsi que plusieurs pays d'Asie qui craignent pour leur approvisionnement en pétrole .
Nous verrons dans la deuxième partie de cet article, comment se présente la montée d'une situation extrêmement dangereuse que, pour les instants, les media ignorent et sur laquelle les gouvernements occidentaux se gardent bien de communiquer.
Ce qui ne saurait durer.
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