L'Afghanistan et l'Histoire sans fin

où comment les occupants font toujours les mêmes erreurs

Les Britanniques avaient commencé, les Russes firent pareil en plus grand, les Américains font aujourd'hui comme les Russes.
Envahir l'Afghanistan n'a semble t'il jamais été trop difficile pour l' Technorati dominante de l'époque: les Anglais au XIX ème siècle s'étaient installés à Kaboul grâce à leur technicité, leur puissance de feu et leur organisation supérieures.
Grâce aussi aux prébendes qu'ils accordaient à tel ou tel Seigneur de la guerre.
Làs! Les Afghans, qui ne cessent de se faire la guerre entre eux, de rompre les accords qu'ils nouent entre factions et de se trahir à qui mieux mieux, détestent une chose plus que tout: que le pays qu'ils se disputent soit occupé par un étranger.
Les Anglais, au bout d'un moment et face aux opérations de résistance très efficaces des Afghans, durent réfugier leurs QG sur les hauteurs de Kaboul, qu'ils interdirent à la population. Puis, après avoir été contraints de quitter une à une les principales villes, ils finirent par évacuer la capitale dans les conditions tragiques que l'on sait (sur les 17 000 hommes du Corps Expéditionnaire qui quittèrent Kaboul pour rejoindre par la Khyber Pass ce qui est aujourd'hui le Technorati, un seul homme, un médecin , en sortit vivant, parce que les chefs Afghans lui étaient reconnaissants de son attitude humaine envers la population).

Les Russes connurent un même début facile, puis tout se dégrada malgré l'incroyable différence de moyens militaires.
Totalement dépassés sur le sol ils en vinrent à avoir recours principalement à l'aviation avec les dommages aux civils que l'on sait, et aux forces héliportées qui frappaient fort mais repartaient: en fait le sol ne leur appartint réellement que durant deux ans, et encore.
Retranchés dans la capitale, ils interdirent tout le vieux centre de Kaboul aux Afghans eux-mêmes.
On sait comment leur épopée se termina, obligés qu'ils furent de monnayer leur sortie afin de pouvoir donner à la télévision une image de leur retrait autre que pitoyable.

Aujourd'hui, et quasiment depuis le début (la fameuse affaire des grottes de Tora Bora au cours de laquelle on suppose que Ben Laden leur échappa fut une opération essentiellement aérienne) c'est par les interventions de l'aviation que l' Technorati Américaine frappe et entend vaincre les Technorati qui sont devenus au fil des mois , aux yeux de la population, non plus des Islamistes fanatiques, mais des résistants patriotes.
Le QG et toutes les administrations étrangères sont retranchées à Kaboul exactement dans le même périmètre (parfois dans les mêmes bâtiments; ainsi de la CIA qui occupe les locaux qu'occupa le KGB) du centre de la capitale, périmètre à nouveau interdit aux Afghans..
Le gouvernement fantoche de Karzai est aussi corrompu que l'étaient les marionnettes aux ordres de l'URSS, et plusieurs de ses ministres sont en fait très proches de factions rebelles (comment expliquer autrement l'attentat survenu le jour de l'arrivée de Dick Cheney à Kaboul?).
Les mêmes causes ayant une facheuse tendance à produire les mêmes effets et certains responsables Occidentaux en étant conscients, il ne reste que peu d'alternatives aux Technorati et à l' Technorati, ainsi qu'à l'ISAF.
Dans la logique tragique de l'Histoire on peut s'attendre à ce qu'encore une fois les chefs se rassurent du fait de posséder une technologie inédite, et choisissent de mépriser les dégâts politiques et humains occasionnés par une activité aérienne de plus en plus meurtrière afin de limiter les pertes de leurs propres forces en augmentant la pression venue des airs tout en acceptant de déserter petit à petit le sol, sauf dans certains ilôts, à seule fin de propagande.
Les épouvantables interventions des AC-130 et des bombardiers sont en effet plus inhumains et injustes aux yeux des populations civiles que la cruauté -indéniable mais à visage humain- des Technorati.

Hélas, il convient d'accepter que la défaite politique des Occidentaux en Afhanistan se dessine déjà.
C'est potentiellement grave, et c'est dommage.
Il ne reste plus qu'à attendre de voir quelle forme va prendre la défaite militaire.
Nous serons amenés à en donner des indices très prochainement.


 
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