Une Russie, un Poutine
Comment l'un n'ira pas sans l'autre
Mots-clés : Russie , Russe
Le dernier discours de Wladimir Poutine délivré devant le Conseil d'Etat était un régal pour ceux qui acceptent de regarder le monde vu tel qu'il est de l'autre côté de l'Oural.
Pas une fois n'a été prononcé le nom de Medvedev, pourtant le prochain Président puisque désigné dauphin officiel de l'actuel chef d'Etat, ce qui était le plus clair signal donné que la politique actuelle resterait orientée dans la même direction -et en partie par la même personne.
Depuis que le Président Russe s'est insurgé contre le projet de déploiement de radar et de lance-missiles si près de ses frontières, les Occidentaux font mine de s'offusquer du ton employé par celui dont Bush se vantait autrefois de pouvoir lire l'âme, .
Pourtant les arguments de Poutine sont solides: que feraient les USA si les Russes installaient des bases radar et des lanceurs de missiles au Nicaragua pour se protéger de la Corée du Nord
?
Que feraient les Occidentaux si Poutine retirait son pays des différents traités de contrôle de l'arme atomique , comme l'a fait le Président Américain?
Imaginons-nous ce que représente pour les Russes l'éloignement quasi-antagoniste de l'Ukraine (rappelons que les frontières de l'Ukraine sont héritées de l'ex-URSS, qui pour des raisons politiques valables sous Staline comprenait une partie de la Russie , laquelle toujours russophone est farouchement opposée à l'entrée de ce pays en UE)?
En constatant que le rival US équipe et entraîne l'armée Géorgienne en fermant les yeux sur l'élection truquée de Saakashvili, un opportuniste décidé à mettre de l'huile sur le feu entre Américains et Russes afin de se rendre indispensable, au besoin en tuant quelques Ossètes ou Abkhazes, très proches des Russes?
Comment réagirions-nous à sa place en voyant les troupes de l'OTAN se renforcer en Afghanistan
, au Japon, dans le Golfe Persique?
Très certainement de façon hystérique.
l'Occident surréagit devant chaque manifestation indépendante d'un pays certes doté de milliers de têtes nucléaires mais qui consacre pour son budget défense moins de la moitié de ce qu'y dépense la France en valeur absolue.
Poutine signifie au monde et surtout aux Russes que l'Ouest ne peut plus dicter à Moscou sa politique.
Le très compétent ancien chef du FSB ne perd pas de vue que la démographie de son pays est en chute libre puisque l'Iran aura le même nombre d'habitants dans 13 ans; que l'espérance de vie masculine est en-dessous de 55 ans, que le vieillissement de la population est au contraire en progression constante et que le système est usé par un manque cruel d'infrastructures. Le fait que le rayonnement et l'influence actuels de la Russie
reposent sur ses réserves d'énergie ne garantit aucunement la progression dans un monde où tout bouge.
La fenêtre temporelle au cours de laquelle la Russie peut espérer transformer en profondeur sa résurrection est courte: dans moins de vingt ans il n'y aura tout simplement plus assez de Russes pour entretenir la recherche scientifique, l'armée
, les services nationaux de base sur un pays dont on oublie que la superficie est plus du triple de celle de la Chine
.
Le Chef de l'Etat est conscient que d'ici 2025, vu la tournure des investissements des deux dernières années en Europe et au Canada, et aujourdhui aux USA
, les développements technologiques auront en grande partie permis aux Occidentaux de se passer du gaz
et du pétrole
grâce auxquels Moscou peut encore faire pression.
Pour l'instant, seul Soyouz est capable d'alimenter et entretenir la station orbitale que l'Europe se décide enfin à assembler avec sérieux.
Donc il faut faire vite, et il ne va pas légitimer l'opposition.
Dans ce même discours, Poutine a regretté l'intensité de la corruption alors qu'il est au pouvoir depuis si longtemps. Étonnant mea culpa ou signe que la Russie ne peut plus tolérer un tel frein à son développement?
L'année à venir est donc cruciale pour la Russie : Poutine doit profiter de la faiblesse actuelle de l'Amérique pour obtenir une contre-partie stratégique. Celle-ci prendra sans doute la forme d'une plus grande présence de la marine de guerre Russe
dans des eaux où elle est quasiment bannie aujourd'hui: la Méditerrannée d'abord, l'Océan Indien, la Mer d'Irlande. Des visites d'amitié dans les ports d'Amérique du Sud, au Viet-nam, etc.
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