Nov. 07
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Un tiens veut dire que trois tu l'auras (1ère partie)
comment un Pakistan extremiste radicalisera ses voisins
La presse et l'Administration américaine portent enfin leur regard sur la redoutable instabilité mondiale à laquelle une radicalisation du Pakistan pourrait conduire. Ils s'inquiètent de voir le nucléaire militaire de ce pays tomber aux mains d'un Islamiste hystérique. Pourtant, comme ce danger n'est pas nouveau, il conviendrait de démontrer encore une fois que la vraie menace:
- n'a pas la forme que le consensus nouveau lui donne.
- ne suivra pas le déroulement (bombardement d'Israël et de la flotte US) qu'on lui prédit
- n'efface pas d'un seul coup l'existence des sujets de crainte qui précédaient
- entraîne la création immédiate de nouvelles sources conflictuelles majeures.
Tout d'abord, pas besoin d'un extrêmiste Islamiste au pouvoir à Téhéran pour que le Pakistan menace la paix mondiale: le Musharraf d'aujourd'hui suffit largement. Acculé par la certitude que la Cour Suprême invaliderait son election, il n'a pas hésité à tomber le masque afin de sauvegarder sa position personnelle.
Cette fuite en avant ruine la vitrine pseudo-démocratique et anti-Islamiste précédente. Elle accentue l'impression d'un autocratisme peu en rapport avec la tradition locale, qui veut une certaine distribution des richesses au sein de l'élite.
Le général-président commet l'erreur de rendre la position de ses pairs au sein de l'Armée intenable: cela fait quelques semaines que des généraux, furieux de voir que leurs troupes se couchent (littéralement) devant les Islamistes dans les régions de l'Ouest, ont dû subir l'humiliation de recourir à des groupes paramilitaires pour tirer sur les taliban locaux et leurs amis Afghans et Arabes.
Pour ceux qui connaissent un peu l'institution Pakistanaise, l'orgueilleux corps des officiers est anxieux de n'être à aucun moment assimilé à leurs collègues de la région: ils se réclament d'une excellence toute Britannique, et être supplantés dans leur propre pays est une pilule dure à avaler.
D'autre part, habitués à recevoir mille et un cadeaux matériels de la part de Musharraf, ils craignent soudain de tout perdre, conscients que l'Armée est en perte de crédit, que son chef est moins populaire que Ben Laden et que les USA pourraient opérer eux-mêmes une purge au sein de l'Etat-Major, dans la mesure où le général Khalid Kidway, le chef du Strategic Plans Division (en charge de l'arsenal nucléaire), est un homme à eux et où les troupes qui assurent sa sécurité, quasi autonomes par rapport au reste de l'armée Pakistanaise, lui sont dévouées.
Par ailleurs, cette prise de pouvoir intervient au moment même où les Forces Spéciales US s'apprêtaient à mettre sur place un programme d'entraînement et d'armement spécifique contre les tribus et les membres d'Al Quaeda : que Musharraf ait accepté -même officieusement- l'installation opérationnelle de troupes étrangères sur le sol national passait mal.
Même la grande tragédienne Benazir Bhutto commence à être gênée: bien qu'elle conserve une grande capacité à mobiliser les masses et soit prête à avaler des serpents à lunettes pour redevenir Premier Ministre, Musharraf ne lui semble plus si présentable.
Pour l'ISI (services secrets), le temps d'une fuite en avant à découvert en faveur des taliban est par trop prématurée.
Voilà pour la situation intérieure et les raisons qui pourraient amener l'Etat-Major à bouger. Celà, que le second de Musharraf , le général Kiani, accepte ou non de prendre la place de son ami.
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