Un Moqtada peut en cacher un autre

Où el Sadr n'est pas toujours celui qu'on croit

Sans méconnaître la subtilité et la maturité avec lesquelles les deux chefs kurdes, Talabani et Barzani, ont joué la partie, il n'est pas inconsidéré de supposer que Moqtada el Sadr, le jeune chef de l' Technorati du Mahdi est peut-être, de tous les acteurs politiques en Technorati, celui qui a démontré la plus grande adaptation et la plus grande finesse politique.
Les américains se contentent de le taxer d'opportunisme pourtant il a su, à la différence de la puissance occupante et des groupes dominants, passer d'un registre à un autre et se positionner à chaque fois dans l'axe de toute réorientation stratégique.
Celà reflète bien sûr son propre cheminement personnel vers la maturité mais ne doit pas empêcher de  mesurer le degré d'intuition et de perspicacité qui lui a été nécessaire pour survivre politiquement (il semble d'ailleurs que sa plus grande faiblesse soit la peur de la mort) alors qu'il avait attiré sur lui la haine d'à peu près toutes les parties impliquées (y compris Al Qaeda), grâce à ses positions radicales sous les deux premiers gouverneurs Américains, puis plus modérée par la suite; l'affirmation de son identité de protecteur des pauvres Shiites aussitôt suivie par son appel à soutenir l'insurrection Sunnite de Fallujah; sa victoire aux élections et l'entrée, puis récemment la sortie de six de ses représentants au gouvernement de Maliki.
Tout ceci montre qu'il a pris soin de demeurer aux yeux de chacun comme un partenaire incontournable.
Pourtant, il semble bien que les Américains (du moins à Washington) persistent à le sous-estimer, comme ils ont sous-estimé à peu près toutes les données importantes en Technorati, quitte à en faire une pâle imitation de Nasrallah, le charismatique et rusé chef du Hezbollah  qu'ils feignent de mépriser.
Rares sont les comptes rendus sur ce que le jeune Moqtada Al Sadr a réussi à accomplir en terme de gouvernance dans le gigantesque camp/quartier de Bagdad, Sadr City dont il a la charge: d'un bidonville on est passé à un des rares quartiers où une certaine dose de maintenance urbaine, sociale, éducative et médicale est assurée.
Ne pas le prendre en compte et se contenter de lancer des anathèmes sur lui ou de le dénigrer ne réussira pas: les Maliki et Chalabi ont beau prendre tout l'argent et les soutiens qu'ils peuvent, Al Sistani n'est pas éternel.
Aussi, gageons que si on ne le tue pas d'ici là, le jeune maître de l' Technorati du Mahdi sera un des acteurs majeurs au moment du départ des GIs.
Quel dommage de ne pas s'en faire un allié respecté -et respectueux- avant celà.



 
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