Quand Mammoud Abbas ressemble à Pétain
Sans que le Hamas fasse penser à De Gaulle
Mots-clés : Armée , Tsahal , Palestine , G8 , Iran , Russie
Pendant que tout le monde a les yeux rivés sur le Darfour, la préparation du G8, la montée des testostérones en Russie (très grave car indécise) ou le combat entre l'Armée Libanaise et Fatah al Islam -nous y reviendrons un jour-, la litanie des lancers de rockets artisanales Palestiniennes depuis Gaza suivis de réactions surmultipliées de Tsahal semble si ordinaire que peu de gens y font attention.
Pourtant, il s'agît là d'un tournant.
Hamas est clairement pris entre Tsahal et le Fatah, sous les yeux d'une population hagarde et apparemment si découragée qu'on la suppose prête à tout pour avoir la paix.
Sans méjuger ce désir évident et légitime, il ne faut pas oublier que la majorité de la population de Gaza a moins de 19 ans: ses perspectives sont nées avec l'Intifada 2. Aucun emploi n'est réaliste depuis la fermeture des frontières avec Israel , hormis celui de milicien. En dehors des attentats-suicides, qui rapportent une pension conséquente à la famille en plus d'un pactole initial, l'enrôlement dans une faction armée représente la principale alternative au chomage.
Aucun futur n'est plus envisageable en l'absence d'une vraie direction politique.
La découverte d'une charge explosive puissante dans le tunnel que le convoi de Mammoud Abbas devait emprunter de retour d'Egypte a entraîné la décision lourde d'en finir avec le Hamas, -quitte à s'allier quasi ouvertement avec l'Armée Israelienne.
Ceci marque une étape dans la longue série du délitement de la Palestine.
Même en admettant que cette tentative du Hamas ait eu lieu -ce qui aurait été stupide de la part d'un mouvement qui n'a pas l'habitude de l'être- la chronologie laisse rêveur, tant elle arrange les affaires du Premier Ministre Israelien Olmert après la diffusion du rapport qui condamne l'incompétence du successeur de Sharon.
Surtout dans sa lutte contre sa Ministre des Affaires Etrangères (soupçonnée
d'envisager des négociations avec Marwann Bargoutti actuellement en prison à vie) et Benyamin
Netanyahou, partisan d'une politique extremiste envers l'Iran .
L'étonnante prison à ciel ouvert que représente Gaza voit rapidement disparaître les derniers signes d'une société digne de ce nom. Qu'une partie des Palestiniens ait choisi de s'allier avec l'Armée Israelienne contre une autre partie Palestinienne est capital et de très mauvais augure puisque cette enième tentative paraît vouée à l'échec à long terme.
Mais le long terme n'intéresse pas les gouvernements Israeliens, dont le jeu est d'entretenir le pourrissement, en resserrant à chaque fois un peu plus la ceinture.
Le résultat est que les Palestiniens vont redevenir plus que jamais les agents proxy des différentes puissances, locales ou lointaines.
L’analogie utilisée dans le titre incite le lecteur à aplatir le présent sur le passé et émousse les reliefs d’une actualité finement analysée dans le corps du billet. C’est dommage car le lecteur éprouve alors le désir de marteler que comparer le sionisme au nazisme, ça suffit comme ça. Sauf que bien entendu un autre n’a pas dit cela et que ce n’est pas le sujet du billet. Alors le lecteur s’abstient non sans avoir trouvé le moyen par une contorsion reptilienne d’en persifler un mot.
Ce que les puissances proches ou lointaines font subir aux Palestiniens, les conduira peut être à réaliser que leurs seuls alliés objectifs à long terme sont les israéliens. La réciproque étant probablement vraie puisque non seulement ils sont condamnés à vivre ensemble mais que l’existence de l’un sera constamment en danger sans l’existence de l’autre.
(Cette prospective est faite d’ irresponsabilité et d’espérance, dans le but de renvoyer à une autre prospective dont la pertinence avérée justifie une place ici et dont l’auteur vous lit et vous écrit selon toute vraisemblance)
donydami | Le Lundi 04/06/2007 à 00:48 | | Répondre