les petits bateaux

dans un lavabo

Sous le couvert médiatique et pseudo-humanitaire de la chasse aux pirates, un tas de navires de guerre surarmés se livrent depuis des mois à des manoeuvres et des démonstrations aussi coûteuses que dangereuses: plusieurs marines européennes se joignent en effet en surface aux Américains, Canadiens, Indiens, Chinois, Coréens, Japonais, Thailandais, Russes. A cela s'ajoutent les submersibles divers.
Jusqu'ici, le monde semble accepter avec une relative indifférence une concentration ahurissante de missiles, canons, fusées aux intérêts divers: une étincelle sous forme de malentendu, de refus de priorité, de fausse manoeuvre, et paf?..
D'ici tout ce qu'on entend c'est que nos (ou leurs) braves matelots sauvent quelque marin des griffes des méchants.
Mais tous ces petits navires sont-ils vraiment là pour çà?

Des petits pirates de rien du tout face à une armada capable d'effacer la population de la France en 5 minutes
Rappel: les "pirates" somaliens (qui se définissent eux-mêmes comme des garde-côtes) n'ont commencé à rançonner les navires marchands qu'après avoir subi les éperonnages des puissantes flotilles de pêcheurs japonais et européens; après avoir assistés impuissants au délestage sauvage sur leurs côtes de toutes sortes de déchets -y compris nucléaires et chimiques- ; après avoir attendu en vain la protection d'un gouvernement central qui n'existe pas.
Avec le temps, eh bien,  une industrie s'est naturellement constituée, qui crée une irrigation économique dans une des régions les plus pauvres du monde.
Certes, les méthodes contreviennent aux lois internationales sur la libre circulation de marchandises et sont contestables, notamment la séquestration de près de 250 marins, lesquels ont cependant tous reconnu avoir été bien traités.
Rappelons  aussi que leur équipement consiste en coquilles de plastique motorisées par des engins yamaha de moyenne puissance, des kalashnikov troisième main, quelques missiles RPG7; au mieux des téléphones satellitaires, une radio onde courte, des grappins, un peu d'eau douce et de nourriture.

Deux trois choses devraient éveiller notre attention:
le territoire de chasse des fameux pirates.
Depuis l'arrivée de toutes ces frégates, destroyers et porte-hélico, les somaliens ont étendu leur théâtre d'opérations pour happer tranquillement leurs proies. Pourtant la plupart des marines rassemblées continuent d'évoluer dans la même baignoire; certains bâtiments de guerre ne sont même jamais intervenus à l'aide de cargos menacés; les nombreux hélicos embarqués semblent se soucier autant de ce que font leurs collègues étrangers que des cargos et pétroliers.
Enfin, n'existe t'il vraiment pas d'autres moyens, moins chers, pour régler cette histoire de façon rapide, pacifique?
Légitime et légale.

Un aquarium devenu exhibition des rapports de force
On peut donc supposer que la raison de ce rassemblement n'est pas celle que l'on tente de faire avaler à tous les esprits que le mot pirate fait trembler.
Les premières interventions armées ont sans doute répondu à l'intention du sauvetage en mer, mais il est vite apparu que s'offraient de nombreuses opportunités inattendues:

  • Occuper le terrain
  • Faire montre de présence et donc de capacité opérationnelle
  • Impressionner les adversaires potentiels par lesdites capacités opérationnelles
  • Tester les nouveaux systèmes
  • Perfectionner l'emploi des types de bâtiments et d'armements
  • Découvrir les usages et services inattendus des composants
  • Mesurer l'efficacité des mesures et contre-mesures de surveillance, de captation du terrain et de déception d'observation
  • Tester et démontrer les qualités d'appréciation de crise aussi bien de la part des chefs de bâtiments présents que des états-majors lointains.
  • Favoriser la vente de navires ainsi que des systèmes d'armes et de surveillance
  • Remettre à jour le rapport de forces dans le domaine de la projection Technorati.

Tout ceci en temps réel avec de vraies armes, des protocoles d'intervention variables selon les pays (et, bien sûr, les circonstances) et des durées de présence élastiquesl, pour un prix exorbitant.

Le nombre - qui va rapidement augmenter , car il faut en être!- d'armées impliquées dans ce bidet constitue à lui seul un facteur d'impondérables explosifs inédit.

En effet, l'Histoire moderne de la guerre en mer nous apprend qu'à cause des coûts et délais croissants à la constitution d'unités navales modernes, il y a de moins en moins de combats et de plus en plus de manoeuvres: la rationale navale consiste d'abord à ne pas perdre d'éléments, et ensuite à barrer la route aux autres.

Al'heure des missiles à trajectoires et vitesses inconstantes, dotés de leurres et parfois d'autonomie agissant sur des distances de plus en plus grandes, relayées par les satellites appartenant aux différents pays, la question de la fiabilité des systèmes est posée: là où l'erreur était humaine, on ne sait pas encore si, cette fois-ci, elle ne va pas être électronique.

Et si la situation initiale, plus ou moins sincère de protection de la marine marchande avait échappé aux puissances impliquées dans ce jeu?
Ne resterait plus désormais qu'à attendre, dans une sérénité inquiétante (à moins qu'il ne s'agisse de légèreté coupable) le premier incident sérieux qui  pourrait changer l'aspect de toute la géostratégie maritime, au niveau planétaire.



 
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