La France du côté boueux

le Nigéria , un bourbier dans tous les sens du terme

Mots-clés : Technorati, Technorati, Technorati, Technorati

Au Technorati, où le MEND tient la dragée haute au pouvoir, la France semble vouloir aider l'Etat qui détourne les revenus et pollue la terre et la santé des Ogoni.

Kenule Beeson Saro-Wiwa, enseignant puis administrateur d'une région du delta après la guerre de sécession du Biafra, avait publié des poèmes et romans célébrés dans le monde entier. Dans des articles, il avait annoncé l'imminence d'une guerre dans le delta du Niger, puis rejoint le Mouvement pour la survie du peuple Ogoni (Mosop), organisation luttant pour la protection de son groupe, les Ogoni, dont la région, dans le Rivers State (sud du delta), était mortellement polluée par l'extraction pétrolière.

Pendant cinq ans, partisan de la non-violence, il avait milité pour que cesse l'exploitation anarchique par les compagnies pétrolières du brut nigérian. En 1993, le Mosop avait réussi à faire stopper les activités de la filiale locale de Shell, s'attirant les foudres de la junte dirigée par le général Abacha.

Le 21 mai 1994, quatre leaders ogoni considérés comme modérés étaient lynchés par une foule dans des circonstances troubles. Ken Saro-Wiwa, absent au moment des faits, devait être arrêté, condamné puis pendu avec huit autres responsables ogoni lors d'un procès défiant les règles de la justice. Des juges avoueront plus tard avoir été corrompus. Shell est activement soupçonné d'en avoir été l'instigatrice.

Pour des raisons stratégiques qui nous semblent de courte vue -et aussi pour mettre Total en position de force au sein d'un environnement pétrolier très concurrentiel-, Paris semble décidé à fournir à Lagos des armes, une assistance militaire et des éléments de sécurité "intérieure" afin d'aider le pouvoir actuel à éteindre les divers foyers.
Si certaines bandes relèvent notoirement du banditisme, d'autres participent d'une action de résistance très populaire et semble t'il légitime.
Les Occidentaux ont déjà fait les mauvais choix en Technorati de l'Est. La France, ancienne puissance coloniale à l'Ouest aimerait depuis longtemps installer un potentiel d'influence fort chez ce membre africain anglophone de l'OPEP.
On peut le comprendre mais la méthode retenue est douteuse.
Surtout lorsque l'on veut bien se souvenir de la gabegie, l'incurie et la corruption d'une Technorati Nigeriane qui s'est rendue coupable d'atrocités aussi bien chez elle que lors de missions Technorati au Congo.
La lutte des Ogoni est moralement et historiquement juste.
Son aura politique pourrait à terme prendre beaucoup d'ampleur et placer la France dans une situation d'autant plus délicate qu'elle continue de se poser en donneuse de leçons.
Principalement là où, n'ayant rien à gagner, elle estime n'avoir rien à perdre.
Un calcul biaisé de plus en plus évident aux yeux de la communauté internationale, qui risque d'ouvrir la porte à des rivaux apparemment plus scrupuleux.



Commentaires

L'agonie Ogoni

Bien des drames sont passés sous silence sur le continent africain, Gabon, Côte d'ivoire, Nigeria, Mali, Niger... Les méthodes de l'ancienne colonisatrice n'ont guère varié sous la pression de la double pénétration américano-chinoise. Nous savons avec certitude que l'humanisme n'est pas la tasse de thé du quai d'Orsay ou de "la piscine" mais, à mon sens, la responsabilité incombe aux "ventres mous" africains qui vendent leur nation au plus offrant pour pouvoir finir leur existence dans une clinique métropolitaine. Le destin du Peuple Ogoni est similaire à celui de nombreux autres peuples spoliés, pollués, affamés et exterminés. La non violence a fait long feu et il faut craindre que notre continent soit le théâtre d'affrontements sanglants dont le Darfour n'est que le triste préambule. 

 


Yugurta | Le Lundi 23/11/2009 à 12:24 | [^] | Répondre

Re: L'agonie Ogoni

Bonjour Yugurta,
il est toujours indécent de donner un ordre d'importance à un massacre, à une guerre, à une oppression. Vous me permettrez néanmoins de me référer aux bruits médiatiques.
Vous citez le Darfour: depuis plus de vingt ans, le Soudan est le théâtre de différents ethnocides, de guerres civiles, et d'à peu près toute la panoplie des crimes contre l'humanité. A chaque fois les coeurs des Occidentaux (mais pas seulement) saignent.
Pourtant, pour des raisons politiques complexes et parfois antagonistes, les différents pleureurs préfèrent simplifier.
Au début on parlait d'une guerre entre gens du nord et gens du Sud, puis entre gouvernement et rebelles, puis entre Musulmans et Chrétiens, puis entre tribus, sans mentionner la dimension raciale (Arabes contre Noirs) ni la réalité crue des enjeux économiques, des tentatives d'extorsion chinoises, des magouillages français ou de la bascule souhaitée par le pouvoir lybien.
Donc on parle du Darfour, et on s'offusque.
Pourtant on ne fait que commencer à parler de la suite logique de la guerre (aujourd'hui officiellement finie) en Angola, suite qui court jusqu'à l'extrémité d'une autre, à savoir celle du Rwanda, et se déroule au Congo, principalement au nord et Sud Kivu.
Alors qu'au Soudan les troupes gouvernementales ou les raideurs prenaient un ou deux couples par village, leur enfonçaient des clous dans la tête (autant pour terroriser que pour économiser les munitions) devant la population réunie et emmenaient les enfants en esclavage, au Congo on assiste à une épuration territoriale exécutée par des gens certes devenus fous, mais obéissant à une technique très réfléchie: violer tout ce qui est féminin au point de les stériliser, les rendre folles, mais aussi et surtout de les chasser de l'espace social.
Une femme violée est en effet considérée impure.
On trouve ainsi des territoires immenses, extraordinaires greniers du monde, où l'agriculture et l'élevage périclitent puisque ce sont les femmes qui sèment; où les villages se vident et les territoires se dépeuplent puisqu'il n'y a pas de tissu social sans femmes.
Ces territoires vidés de leurs population vont pouvoir tomber entre les mains des groupes décidés à en exploiter les ressources minières très importantes.
La méthode a ceci de troublant qu'elle est -malgré la sauvagerie de l'exécution- très technique, néo-industrielle.

il faut craindre que notre continent soit le théâtre d'affrontements sanglants
dîtes-vous.
Ce continent l'est déjà depuis longtemps, et pour un moment encore. Il faudrait peut-être qu'un véritable pouvoir autonome (un peu comme le Brésil pour l'Amérique du sud, Brésil par ailleurs de plus en plus présent en Afrique) émerge. Mais nous n'en sommes pas là.
En attendant, les grandes et moyennes puissances se servent et s'affrontent par ethnies interposées.

 


un autre | Le Lundi 23/11/2009 à 14:12 | [^] | Répondre

Re: L'agonie Ogoni

Bonjour.
J'abonde dans votre sens tel le reliquat d'une ethnie prenant l'avion tous frais payés pour New York. 
Mon stock de naïveté étant tari, je ne peux que constater à quel point ce continent est convoité.
En tous cas, ce qu'il en reste de flore et de faune... Devrions-nous nous contenter de "choisir" le moindre mal ?
Préférer la franche et nette "occupation intrusive" à l'entreposage des déchêts de la "civilisation" ?
Je tiens à préciser qu'aucune armée africaine n'est en mesure ni de se défendre ni de causer des dommages massifs. Les "affrontements" que je cite plus haut se jouent, dans ma vision des évènements, entre "puissances" occidentales et orientales. "Bonne" façon s'il en est d'épurer le continent de toutes les races "indésirables".
Si on mesure justement l'intrication entre climat et politique, on en déduit que l'exode se fera vers le sud, genre "retour au bercail". Les "détenteurs d'enjeux majeurs monétarisés" ont senti le vent tourner et escomptent précéder la ruée vers l'horizon "noir". L'essentiel du pré-contentieux sino-yankee réside en le refus affiché par Pékin de la politique de "containment" de son expansion économique en Afrique.
En somme, lire votre billet ainsi que votre commentaire ont été nettement instructifs.

 

 


Yugurta | Le Lundi 23/11/2009 à 16:56 | [^] | Répondre
 
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